Lâcher prise

Le lâcher-prise peut prendre plusieurs formes, on peut en entendre parler sous forme de pardon, de changer ses habitudes ou par le détachement. Dit comme ça, cela peut sembler très simple, mais s’il est bien quelque chose que nous ne pouvons obtenir sur commande, c’est bien le lâcher-prise. Plus nous le recherchons, plus il s’éloigne. Je vous propose donc de voir le lâcher prise par son opposé qui est le contrôle. Nous avons tous des désirs de contrôle sur le monde extérieur, malheureusement, en rien le monde extérieur ne nous appartient, le contrôle que nous devons exercer doit être à l'intérieur. Ce voyage vers le lâcher-prise est un périple en terres inconnues où l’inconfort est bien souvent de mise et dans lequel il faut paradoxalement accepter d’emprunter un sentier qui semble mener à l’opposé de ce voyage tant désiré. L'inconfort est un excellent moyen pour pratiquer notre témoin intérieur.

 

La voie du Yoga nous permet de nous recentrer, d’accepter et de reconnaître que nous sommes traversés par de perpétuelles contradictions et que cela fait partie de notre nature. Le lâcher-prise serait donc cette capacité à nous placer en tant que témoin, drashtu, de notre être et de ce qui le traverse dans l’instant, ici et maintenant. Lâcher-prise serait donc être pleinement conscient et bienveillant à la fois.

 

Pour y arriver, le yoga propose la maîtrise de plusieurs étapes, dont Dhyana, la méditation. Pour maîtriser Dhyana, il faut être à l’aise en Dharana, la concentration. C’est d’ailleurs ce que nous travaillons lors des méditations guidées, la concentration et non la méditation, car comme le lâcher-prise, elle ne peut être induite par la force de la volonté, c’est un état de laisser faire, advenir et être. La respiration, pranâyâma, est là pour aider à calmer le mental, aidant ainsi à la concentration. C’est donc en passant par le corps et les postures, asanas, le souffle et les pranâyâma, la concentration puis la méditation que nous avançons sur le chemin du lâcher-prise.

 

Dans le Yoga, le lâcher-prise est donc une conséquence, un résultat de la pratique! Après avoir expérimenté certains inconforts dans la pratique, que ce soit de postures ou de respirations, c’est là, à cet instant précis, vous êtes le témoin de votre corps vivant qui respire et ressent. Le Yoga nous met donc dans les meilleures conditions pour permettre au corps et au mental d’expérimenter le lâcher-prise en tant que témoin. Il serait donc très certainement judicieux de cesser de refuser la nouveauté, l’inhabituel sous prétexte d’inconfort (et non de douleur!), mais tel un détective de sa propre vie, de noter notre ressenti et nos sensations tout en continuant à traverser notre propre histoire.

 

L’image de votre monde extérieur est le reflet de votre monde intérieur.

« J'ai demandé à la feuille si elle avait peur parce que c'était l'automne et que les autres feuilles tombaient.

La feuille m'a répondu :

« Non. Pendant tout le printemps et l'été j'étais très vivante.

 J'ai travaillé dur pour aider à nourrir l'arbre, et maintenant une grande partie de moi est dans l'arbre.

Je ne suis pas limitée par cette forme.

Je suis aussi l'arbre tout entier, et quand je retournerai au sol, je continuerai à nourrir l'arbre. Je ne m'inquiète donc pas du tout.

Lorsque je quitterai cette branche et que je retournerai à la terre, je ferai signe à l'arbre et lui dirai : « je te reverrai très bientôt. »

Ce jour-là vent soufflait et au bout d'un moment, j'ai vu la feuille quitter la branche et flotter jusqu'au sol, en dansant joyeusement, car en flottant, elle se voyait déjà dans l'arbre. C'était si joyeux. J'ai incliné la tête, sachant que j'avais beaucoup à apprendre de la feuille. »

Thich Nhat Hanh

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